S’en tenir à son plan stratégique peut être le meilleur moyen de naviguer en eaux troubles
La « Vague libérale » ne s’est pas matérialisée au Canada. Bien que le Parti libéral ait augmenté le nombre de ses sièges au Parlement, CTV News prévoit que les libéraux formeront toujours un gouvernement minoritaire à l’issue des élections de lundi. L’attention se porte désormais sur une autre série de vagues, celles qui frappent l’économie canadienne.
L’agitation commerciale
L’économie canadienne a du mal à se maintenir à flot. Le taux de chômage canadien a augmenté beaucoup plus rapidement que le taux de chômage américain, et l’incertitude de la politique commerciale menace de rendre les choses encore plus difficiles.
Source : LSEG DataStream, mars 2025.
Bien que les États-Unis aient suspendu les droits de douane sur les importations en provenance du Canada et du Mexique qui respectent l’accord Canada-États-Unis-Mexique (CUSMA), rien ne garantit que cela durera. Le Premier ministre Carney a exprimé le souhait de diversifier les relations commerciales du Canada, cependant, pour l’instant, environ trois quarts des exportations canadiennes sont toujours destinés aux États-Unis. Une impasse commerciale prolongée avec les États-Unis pourrait faire chuter les volumes d’exportation et risquerait de provoquer une récession au Canada.
Source : Statistique Canada, décembre 2024.
Des outils puissants
Bien que les partis soient parfois en désaccord sur des choix politiques précis, il existe toujours un consensus général sur le fait que le gouvernement canadien doit se concentrer sur le soutien de l’économie en cette période de turbulences. Bien qu’un gouvernement libéral minoritaire implique nécessairement certains compromis, nous continuons de croire que, si une récession venait à se concrétiser, les différents partis pourraient s’unir et mettre en place des mesures de relance efficaces. De plus, nous estimons que la santé financière du Canada donne au gouvernement toute la latitude nécessaire pour intervenir.
« Bien qu’un gouvernement libéral minoritaire implique nécessairement certains compromis, nous continuons de croire que, si une récession venait à se concrétiser, les différents partis pourraient s’unir et mettre en place des mesures de relance efficaces. »
BeiChen Lin, CFA, CPA
Senior Investment Strategist, Head of Canadian Strategy
Autre outil de puissance potentielle : la politique monétaire. La baisse de la demande en cas de récession compenserait probablement largement les pressions à la hausse sur les prix que pourraient entraîner les droits de douane imposés par le Canada en représailles. Cela signifie que la Banque du Canada peut réduire ses taux de manière agressive tout en maintenant les anticipations d’inflation à moyen terme bien ancrées.
Pas de panique
Les nageurs chevronnés savent qu’il est important de rester calme dans des eaux difficiles. De même, nous estimons que les investisseurs canadiens devraient résister à la tentation de se tourner vers les liquidités, malgré les risques élevés de récession. De nombreuses entreprises canadiennes sont actives à l’échelle mondiale, ce qui signifie qu’elles ne risquent pas d’avoir un rendement inférieur, même si l’économie canadienne se dégrade. En fait, l’indice composé S&P/TSX est à peu près stable depuis le début de l’année jusqu’au 28 avril, alors que l’indice S&P 500 est en baisse d’environ 7 %. De plus, nous pensons que les actions canadiennes sont plus proches de leur juste valeur que les actions américaines.
Parallèlement, nous estimons que les obligations d’État canadiennes restent un levier défensif clé pour les investisseurs, assorties d’un potentiel d’appréciation du capital si la Banque du Canada réduit ses taux au-delà de ce que les marchés anticipent actuellement.
En fin de compte, le maintien d’une perspective à long terme peut être un bon moyen pour les investisseurs canadiens de résister à la tempête.