Principaux points à retenir :
- Le budget du Canada pour 2025 montre un déficit total attendu de près de 80 milliards de dollars pour 2025-2026, presque le double de la projection du déficit prévu en décembre 2024. Cependant, la position fiscale solide du Canada par rapport aux autres pays du G7 signifie que des emprunts supplémentaires ne devraient pas poser de problème.
- Le budget de 2025 semble davantage axé sur des mesures à moyen terme visant à stimuler la compétitivité du Canada, mais offre moins de mesures d’allègement immédiates aux consommateurs canadiens touchés par la situation économique difficile actuelle.
- Malgré l’absence de soutien sans réserve des partis d’opposition, le budget sera très probablement adopté, évitant ainsi la tenue d’élections anticipées cet hiver.
- En fin de compte, nous continuons à croire que les investisseurs canadiens seraient mieux servis en restant disciplinés et en adoptant une approche à long terme pour l’allocation d’actifs.
L’économie canadienne subit des pressions depuis plusieurs mois déjà. Elle s’est contractée à un rythme annualisé de 1,6 % au deuxième trimestre, et pourrait avoir évité de justesse une contraction au troisième trimestre. Le taux de chômage a également augmenté à environ 7 %, soit près de 2 points de pourcentage au-dessus de son plus bas niveau en 2023. Dans ce contexte, de nombreux Canadiens regardaient avec impatience l’annonce du budget pour voir quelles mesures pourraient être dévoilées.
La dette et les déficits vont augmenter, mais la situation budgétaire du Canada reste solide
De nombreux économistes avaient anticipé que le nouveau budget entraînerait des déficits plus élevés pour le Canada, leurs opinions divergeant davantage sur l’ampleur que pourraient prendre ces déficits. Dans l’annonce budgétaire, le gouvernement canadien estime que les déficits anticipés en 2025-2026 pourraient atteindre un peu moins de 80 milliards de dollars, soit près du double des projections initiales du gouvernement.
Bien que des déficits plus élevés puissent causer une certaine anxiété chez les investisseurs, il est important de noter que l’augmentation de la projection du déficit n’était pas entièrement une surprise. Certaines mesures précédemment mises en œuvre qui ont été annoncées après la dernière mise à jour budgétaire en 2024 (p. ex., l’élimination de la taxe carbone) ont naturellement signifié que les déficits augmenteraient.
De plus, la situation budgétaire du Canada est plus favorable que celle des autres pays du G7. Selon le Fonds monétaire international (FMI), la dette nette du Canada en pourcentage du produit intérieur brut (PIB) n’est que de 13 %, ce qui le classe le comme le meilleur parmi les pays du G7. Entre-temps, les données du FMI montrent également que l’équilibre général du gouvernement canadien en pourcentage du PIB (une mesure de la taille du déficit) est le deuxième plus bas parmi tous les pays du G7. Cela donne au Canada plus de flexibilité pour enregistrer des déficits plus élevés et offre la latitude nécessaire face à ses défis économiques.
Les mesures privilégient les relances à moyen terme plutôt que les mesures de soutien à court terme pour les consommateurs
Même dans un contexte économique difficile, le dernier budget semble privilégier les mesures de relance à moyen terme plutôt que les mesures d’aide aux consommateurs à court terme. Par exemple, le budget prévoit que 115 milliards USD supplémentaires soient dépensés en infrastructures au cours des cinq prochaines années, et alloue également 110 milliards USD par le biais de crédits d’impôt et d’autres incitations pour stimuler une croissance et une productivité plus élevées. D’après les estimations du PIB d’août 2025, ces mesures combinées représentent 2 % du PIB annuel du Canada. Bien que ces mesures puissent potentiellement améliorer le taux de croissance de la tendance du PIB à moyen terme du Canada, elles ne fournissent pas nécessairement l’aide directe à court terme que certains Canadiens pourraient rechercher dans un contexte de marché de l’emploi fragile.
Par conséquent, nous continuons de croire que la politique monétaire devra jouer un rôle clé pour aider le Canada à traverser tout ralentissement économique potentiel supplémentaire. Bien que la Banque du Canada ait déjà réduit les taux d’intérêt d’un total de 2,75 % par rapport au pic du cycle, nous pensons que des réductions des taux d’intérêt supplémentaires pourraient être nécessaires pour stabiliser avec succès l’économie.
Le budget sera probablement adopté, évitant une autre élection pour le moment
En date du 5 novembre, les partis d’opposition ont été réticents à apporter un soutien total au nouveau budget. Le Parti conservateur du Canada cherche déjà à modifier le budget, tandis que le Nouveau Parti démocratique a indiqué qu’il « étudiera » le budget.
Bien que le Parti libéral soit à trois sièges de la majorité, cela signifie également que seuls trois députés de l’opposition doivent soutenir le budget pour qu’il soit adopté et empêcher une situation de défiance. Cet obstacle moins important pourrait expliquer pourquoi les marchés prédictifs anticipent moins de 10 % de chances que le Canada se dirige vers une autre élection fédérale avant la fin de l’année. Si le Canada peut éviter une autre élection cette année, il peut contribuer à limiter l’incertitude dans une période déjà incertaine.
Comment les investisseurs doivent-ils penser à la répartition des actifs à la lumière du budget?
En fin de compte, nous considérons que le budget est mitigé pour le Canada. Bien que le budget augmente sensiblement le déficit, nous pensons que la situation budgétaire donne au Canada la trajectoire nécessaire pour mettre en œuvre ces mesures sans une forte augmentation correspondante des coûts d’emprunt.
Entre-temps, bien que nous anticipions que certaines mesures de dépenses pourraient potentiellement stimuler la productivité à moyen terme, nous pensons que le budget seul ne sera pas nécessairement un élixir magique pour stabiliser les défis économiques à court terme.
Pour l’instant, nous continuons à croire que les investisseurs canadiens seraient bien servis en respectant leur plan à long terme. Même si les risques cycliques pourraient encore être quelque peu élevés au Canada, les valorisations des marchés boursiers restent encore plus attrayantes qu’aux États-Unis, ce qui nous maintient globalement neutres sur la décision d’allocation d’actifs États-Unis-Canada. Et du point de vue des titres à revenu fixe, nous continuons de croire que les obligations d’État canadiennes peuvent être un levier défensif clé, en particulier si l’économie devait ralentir davantage.