Bilan des élections : Pourquoi l’ère de l’incertitude pourrait se poursuivre au Canada
Principaux points à retenir :
- Alors qu’une élection s’est achevée, la suivante pourrait bientôt commencer. Mark Carney devrait prêter serment vendredi en tant que prochain premier ministre, et éventuellement déclencher des élections fédérales.
- L’économie canadienne devrait rester sous pression, avec une incertitude élevée persistante.
- Les taux d’intérêt pourraient baisser beaucoup plus que ce que le marché prévoit.
- La politique budgétaire pourrait être mitigée, quel que soit le prochain gouvernement.
- Nous continuons de penser que les investisseurs canadiens ont tout intérêt à s’en tenir à un cadre à long terme pour leurs portefeuilles.
Le Parti libéral du Canada a terminé sa course à la direction, Mark Carney l’ayant emporté avec une majorité écrasante. Il devrait officiellement prêter serment en tant que prochain Premier ministre ce vendredi, en remplacement de Justin Trudeau. Mais malgré l’achèvement d’une course électorale, l’ère de l’incertitude au Canada pourrait se poursuivre.
Vers une autre élection?
Alors que le Parti libéral du Canada vient de terminer ses élections, une autre élection pourrait bientôt avoir lieu au Canada. Contrairement aux États-Unis, le système parlementaire canadien n’impose pas de date fixe pour les élections fédérales. Le Canada fixe plutôt un délai maximum entre deux élections consécutives. Pour le Canada, cela signifie que l’élection doit avoir lieu avant le 20 octobre 2025.
Mais les prochaines élections pourraient avoir lieu bien plus tôt que prévu. Le dernier sondage Nanos suggère que le Parti libéral accuse désormais un retard de seulement un point de pourcentage sur le Parti conservateur - ce qui est largement dans la marge d’erreur. Mark Carney pourrait choisir de profiter du nouvel élan du Parti libéral en déclenchant des élections anticipées. Avec une durée minimale de campagne électorale de 37 jours, les Canadiens pourraient se rendre aux urnes dès le mois d’avril.
La course serrée signifie qu’il sera difficile de prédire le vainqueur de la prochaine élection. Et quel que soit le parti qui prendra la tête du pays, il y a de fortes chances qu’il s’agisse d’un gouvernement minoritaire, ce qui signifie que des compromis législatifs seront nécessaires.
La tendance est aux coupures
Commençons par les bonnes nouvelles : Les Canadiens pourraient bientôt bénéficier d’un allègement fiscal. En effet, Pierre Poilievre (chef du Parti conservateur) et Mark Carney se sont tous deux prononcés en faveur de la suppression de la taxe carbone au Canada. Bien qu’il soit difficile d’estimer l'ampleur de l’impact, la suppression de la taxe devrait, en principe, contribuer à stimuler la croissance.
En outre, tant Carney que Poilievre ont indiqué qu’ils souhaitaient mettre un terme définitif au projet, temporairement suspendu, d’augmentation du taux d’inclusion des gains en capital. Le taux d’inclusion des gains en capital restant inchangé, cela signifie que les Canadiens n’auront plus à faire face à une augmentation du taux effectif d’imposition des gains en capital.
Mais les taxes ne sont pas les seules à être dans la ligne de mire. Poilievre et Carney se sont tous deux prononcés en faveur de la rigueur budgétaire et ont laissé entendre qu’ils pourraient chercher à réduire les dépenses publiques. Alors, quelle sera l’issue de la politique budgétaire? Les Canadiens devront peut-être attendre le prochain budget fédéral pour le savoir.
Les tensions commerciales persistent
Le Canada et les États-Unis sont toujours empêtrés dans une impasse commerciale. Depuis la mi-mars, les États-Unis imposent des tarifs douaniers de 25 % sur l’acier et l’aluminium canadiens, ainsi que sur les marchandises qui ne sont pas visées par l’Accord Canada–États-Unis–Mexique (ACEUM). Entre-temps, le Canada a réagi en imposant des tarifs douaniers de rétorsion sur un sous-ensemble de ses importations en provenance des États-Unis.
La situation reste fluctuante. D’une part, le Canada pourrait se voir imposer des tarifs douaniers encore plus importants au début du mois d’avril, si les États-Unis appliquent des tarifs douaniers à toutes les importations canadiennes après l’expiration de l’exemption pour les marchandises visées par l’ACEUM. De plus, les États-Unis pourraient annoncer d’autres tarifs douaniers dans le cadre de leurs « plans tarifaires réciproques ».
D’un autre côté, il se peut que le Canada et les États-Unis finissent par conclure un accord pour mettre fin à l’impasse commerciale. Mais même si un accord est conclu, ses paramètres exacts pourraient encore différer de ceux des termes de l’accord commercial précédent. L’ACEUM devant être renégocié prochainement, il est possible que le nouvel ACEUM s’applique à une proportion plus faible de marchandises.
Nous continuons de penser que le Canada pourrait être plus affecté par une impasse commerciale prolongée que les États-Unis, en grande partie parce que le Canada est beaucoup plus dépendant des exportations américaines que l’inverse. Si l’impasse commerciale persiste, l’économie canadienne risque fort de basculer dans la récession.
Incertitude entourant les taux d’intérêt
La Banque du Canada (BdC) a déjà réduit ses taux à l’occasion de sept réunions consécutives. Mais le niveau d’équilibre des taux d’intérêt reste incertain. Bien que les marchés anticipent actuellement que les taux d’intérêt s’établiront autour de 2,3 % d’ici la fin de 2025, la décision de la Banque du Canada sera dans tous les cas guidée par les données économiques à venir. Le taux de chômage canadien restant supérieur de plus de 1,5 point de pourcentage à son creux de 2023, nous avons déjà observé certains signes de fragilité économique au Canada. Et si un ralentissement économique plus important devait s’installer, la Banque du Canada pourrait être amenée à réduire ses taux de manière assez agressive afin de stabiliser l’économie.

Source : LSEG Datastream, février 2025
Maintenir le cap
Malgré les risques économiques importants et l’incertitude accrue, nous continuons de penser que le fait de maintenir le cap est peut-être la manière la plus prudente de relever ces défis. À moins que les marchés ne se détériorent considérablement, nous pensons que les investisseurs ont tout intérêt à s’en tenir à leurs répartitions stratégiques d’actifs et à laisser la sélection des titres être la principale source de risque.