Investir dans la perspective des élections américaines de 2024 : Ce que les investisseurs doivent savoir

Sommaire exécutif :

  • Les sondages indiquent que ni le parti républicain ni le parti démocrate ne sont susceptibles de remporter une majorité écrasante lors des élections américaines de novembre.
  • Bien qu’une majorité étroite au Congrès américain puisse signifier un risque élevé de fermeture du gouvernement, la volatilité des marchés pourrait être de courte durée.

En résumé : Certes, les élections peuvent faire parler d’elles dans l’actualité, mais nous pensons que les investisseurs ne devraient pas trop s’inquiéter de leur incidence sur les marchés financiers. Rester discipliné aidera les investisseurs à long terme.

J’ai pratiquement décidé d’écrire quelque chose sur les élections américaines de 2024.Je sais que vous espérez peut-être que je vous dévoile qui remportera la course à l’élection présidentielle américaine de 2024. Or, je ne peux pas. En fait, je ne peux même pas voter aux élections américaines (je suis Canadien).

J’espère néanmoins que mon article analysant cette incidence potentielle sur les marchés financiers s’avérera instructif et que vous comprendrez pourquoi j’ai fait de
« rester discipliné » mon slogan de campagne favori.

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Le vainqueur de la présidentielle américaine peut faire la une des journaux, mais les changements législatifs dépendent du Congrès

Les médias aiment se concentrer sur la composante électorale de la course à la présidence. Par ailleurs, chacun des candidats à la présidence peut avoir une vision différente de ce qu’il souhaite accomplir en cas de victoire. Il est toutefois important de se souvenir que la réalisation de leurs programmes politiques dépendra de la coopération du Congrès américain. Après tout, rappelons que c’est le pouvoir législatif qui est chargé de rédiger les nouveaux textes de loi.

Au 10 janvier 2024, le site de sondage FiveThirtyEight indique que 44,6 % des Américains soutiendraient les candidats républicains au Congrès, et que 43,5 % préféreraient les candidats démocrates.2 Bien que les sondages ne soient pas nécessairement un indicateur parfait, les données suggèrent qu’il est fort probable qu’aucun des deux partis n’obtienne une majorité écrasante au Congrès. Étant donné que de nombreuses lois requièrent une très large majorité (3/5des membres votants, ou 60 sénateurs sur un total de 100) au Sénat, il sera probablement difficile d’adopter de nouvelles lois sans qu’au moins quelques membres du Congrès franchissent l’allée et votent pour le parti opposé. Dans la mesure où les républicains et les démocrates ont souvent des points de vue très divergents, il sera naturellement difficile de faire preuve d’audace dans la nouvelle législation. Voyons ce que cela pourrait signifier pour les marchés au cours de l’année à venir.

Le rythme de la transition énergétique pourrait être limité

Ces dernières années, certains démocrates ont plaidé en faveur de réformes accélérées pour lutter contre le changement climatique. De leur côté, les républicains ont tendance à préférer une approche plus mesurée pour faire face aux obstacles induits par le changement climatique. Du fait d’une majorité au Congrès qui risque d’être étroite pour l’un ou l’autre parti, le rythme de la transition énergétique sera probablement plus lent. Comme mes collègues Paul Eitelman et Pierre Dongo-Soria l’ont expliqué dans leur Rapport sur la transition énergétique, le processus de transition énergétique pourrait intrinsèquement créer des obstacles inflationnistes s’il était mené trop rapidement. Par conséquent, le ralentissement du rythme de la transition énergétique pourrait contribuer à maintenir les pressions inflationnistes à distance, donnant ainsi un coup de main important à la Réserve fédérale (Fed) dans sa lutte contre l’inflation.

Un Congrès divisé pourrait limiter les mesures de relance budgétaire à la marge

Nous avons noté que malgré les progrès relativement aisés que la Fed a réalisés jusqu’à présent pour ramener l’inflation vers son objectif, le risque d’une récession américaine est toujours supérieur à la moyenne. Dans le cas où l’économie ralentirait et entrerait en récession, un Congrès plus restrictif pourrait signifier qu’il faudrait un peu plus de temps pour injecter des mesures de relance budgétaire dans l’économie.

Cependant, il est important que les investisseurs se souviennent qu’en marge de la politique budgétaire, la politique monétaire peut également permettre de répondre à un éventuel ralentissement économique. La Fed compenserait probablement la limitation des mesures de relance budgétaire par une réaction plus marquée de la politique monétaire, ce qui contribuerait à limiter quelque peu le risque global.

Une volatilité à court terme est possible, mais les investisseurs ne doivent pas paniquer

Certains investisseurs peuvent s’inquiéter du fait que la division du Congrès pourrait entraîner un risque accru de fermeture du gouvernement. Il est vrai qu’un gouvernement divisé est moins susceptible de s’entendre sur un plan de financement à long terme du gouvernement américain. Cela dit, nous ne pensons pas que les investisseurs doivent paniquer. Les fermetures de gouvernement aux États-Unis sont généralement de courte durée. De plus, les baisses de marché qui en résultent peuvent être utiles pour encourager les hommes politiques à faire des compromis et à travailler de concert. Malgré la volatilité à court terme, nous pensons que les investisseurs qui restent dans la course tireront leur épingle du jeu à moyen et long terme.

En résumé

Au fur et à mesure que les bulletins de vote seront dépouillés dans le cadre des différentes élections qui se tiendront aux États-Unis cette année, certains se réjouiront inévitablement, tandis que d’autres verseront des larmes. Quelle que soit l’issue, nous pensons que les investisseurs doivent rester calmes et disciplinés.


1 D’après Un candidat à la présidence de Mark Twain
2 https://projects.fivethirtyeight.com/polls/generic-ballot/2024/