Juin 2024
Un premier semestre de records

Les marchés ont continué de progresser au mois de juin pour terminer cette première partie de l’année sur une note positive. De nouveaux records ont été atteints notamment sur les valeurs américaines et les « Magnificent 7 », dont Nvidia en chef de file, ont continué de briller au cours du mois. Le sentiment des investisseurs est donc resté positif, malgré le risque politique qui est revenu au premier plan, et notamment en France à la suite des élections législatives surprises annoncées par le président Emmanuel Macron le soir des résultats des élections européennes. Par ailleurs, les banques centrales sont restées sur le devant de la scène, avec une BCE qui a amorcé son cycle de baisse de taux tandis que la Fed se montre plus patiente devant des données économiques américaines toujours aussi résilientes.

Commentaire de marché:

Les marchés repartaient du bon pied en début de mois, prolongeant le rallye observé en mai. Pourtant, la première semaine a été marquée par des résultats économiques négatifs, par exemple un indice ISM manufacturier en zone de contraction (inférieur à 50,0), qui ont semblé raviver les inquiétudes de certains investisseurs concernant une "stagflation". Mais très vite, le tableau s'est éclairci lorsque l'indice ISM des services a atteint 53,8 en mai, son niveau le plus élevé en neuf mois. De plus, le marché du travail américain continuait de surprendre positivement, avec une création de 272 000 nouveaux emplois contre 182 000 attendus. Par ailleurs, l’inflation continuait de montrer des signes positifs. En effet, celle-ci est restée stable en mai en rythme mensuel, une première en près de deux ans, tandis qu’elle diminuait à +3,3% en rythme annuel, contre une attente de +3,4%.

Du côté des banques centrales, les baisses de taux étaient de plus en plus à l'ordre du jour et la BCE a procédé à sa première baisse de taux depuis la pandémie, abaissant son taux de dépôt de 25 points de base à 3,75%. La Banque du Canada a également procédé à sa première baisse de taux de ce cycle, ce qui signifie que quatre des banques centrales au sein du G10 ont baissé leurs taux cette année. Cependant, tous les regards étaient portés vers la Fed et le discours de Jerome Powell. Comme largement attendu, les taux n’ont pas été abaissés mais une surprise est venue des « dot plots », projections des membres de la Fed sur le niveau du taux directeur à différents horizons de temps. Ainsi, quand 3 baisses de taux étaient annoncées pour cette année lors de la réunion de mars, seulement 1 baisse était maintenant à l’ordre du jour. Cela appuyait de nouveau la posture attentiste de la Fed, jugeant qu’elle pouvait prendre son temps avant d’amorcer son cycle de baisse de taux dans un contexte économique résilient et une inflation ne se rapprochant que lentement de l’objectif des 2%. Ainsi, les investisseurs ont de nouveau revu leurs attentes de taux à la baisse, jugeant tout de même qu’entre 1 et 2 baisses de taux étaient réalisables cette année de par les progrès obtenus sur le front de l’inflation.

Les développements politiques sont également revenus sur le devant de la scène en juin, les élections parlementaires européennes ayant eu lieu en début de mois. Fait significatif pour les marchés, le président Emmanuel Macron a annoncé à la suite de cela des élections législatives anticipées, dont le premier tour aurait lieu le 30 juin. Cette annonce a entraîné une grande incertitude politique quant au parti qui serait en majorité à l’Assemblée Nationale et au gouvernement qui serait à la tête de l’Etat. Une chute notable des actifs français en a résulté, et le spread franco-allemand à 10 ans s'est fortement écarté pour atteindre les 80 points de base au cours de la semaine qui a suivi l'annonce de l'élection. Ce niveau de spread rappelle des niveaux atteints en 2012 en pleine crise de la dette souveraine. De plus, l’impact s’est aussi fait ressentir sur les marchés actions français, et le CAC 40 a enregistré sa pire performance hebdomadaire depuis mars 2022.

Dans ce contexte, les marchés actions internationaux ont terminé le mois sur une note positive en hausse de +3,4% (MSCI World en euros), portant les gains depuis le début de l’année à +15,2%. L’euphorie autour de l’intelligence artificielle (IA) est restée très présente au cours du mois. En cela, les valeurs technologiques américaines ont tiré leur épingle du jeu, notamment grâce à la nouvelle envolée de Nvidia, et l’indice Nasdaq 100 a progressé de +7,6% (en euros), atteignant brièvement même la barre des 20 000 points, avant de se replier lors de la dernière séance boursière du mois. Cela a dans l’ensemble profité au marché actions américain qui termine en hausse de +4,9% (S&P 500 en euros). Les marchés émergents signent également une très belle performance (MSCI Emerging Markets +5,3% en euros), portés notamment par les actions Taiwanaises (MSCI Taiwan +13,3%) et TSMC grâce au fort engouement sur l’IA et les semiconducteurs. A contrario, les marchés de la zone euro ont été marqués par les remous politiques (Euro Stoxx 50 : -1,7%), et notamment le marché français avec l’indice CAC 40 qui a chuté de -6,3%.

Enfin, les marchés obligataires ont connu un mois un peu plus volatil. Tout d’abord aux Etats-Unis, naviguant au gré des données économiques et des annonces de la Fed, le taux 10 ans américain a finalement reculé de 11 points de base sur le mois, dans la perspective de progrès sur l’inflation et de baisses de taux en deuxième partie d’année. En Europe, l’incertitude politique s’est fait ressentir et le taux 10 ans français a progressé de 14 points de base tandis que le 10 ans allemand a lui reculé de 16 points de base. Par ailleurs, les primes de risque sur le marché du crédit se sont légèrement écartées, notamment en Europe au vu de la situation politique.