Mai 2024
Résilience dans l’attente des Banques Centrales

Après une respiration au mois d’avril, les marchés financiers ont repris le chemin de la hausse au cours du mois de mai. L'indice MSCI World Net a augmenté de 2,9 %, atteignant même un sommet historique en milieu de mois. Les actions se sont redressées, poussant plusieurs indices majeurs à des niveaux records en raison d'un regain d'optimisme quant à d'éventuelles réductions des taux d'intérêt suite à des nouvelles encourageantes sur l'inflation. Le calendrier monétaire est resté au cœur de toutes les attentions : La Fed et la Banque d'Angleterre (BoE) ont maintenu leurs taux d'intérêt inchangés lors de leurs réunions politiques, dans l’attente de la Banque Centrale Européenne qui devrait baisser ses taux dès le mois de juin.

Commentaire de marché

Les actions américaines se sont remises de leur mauvaise performance du mois précédent, surperformant l'indice mondial et les autres marchés à l'exception de l'Europe. Les valeurs technologiques ont mené la danse, contribuant à propulser le S&P 500 vers de nouveaux sommets. Au début du mois, Apple a annoncé des résultats trimestriels meilleurs que prévu et un rachat d'actions de 110 milliards de dollars. Plus tard, des résultats impressionnants et des prévisions améliorées de Nvidia ont dissipé les inquiétudes des investisseurs quant à la capacité de l'entreprise à maintenir son élan. Sur le front macro-économique, les signes d'un ralentissement du marché du travail, avec la masse salariale non agricole enregistrant la plus faible hausse en six mois, une hausse des nouvelles inscriptions au chômage et une hausse du chômage ont renforcé les attentes selon lesquelles la Fed mettrait en œuvre une baisse de taux d'ici septembre. Les actions ont continué à progresser au milieu du mois suite à l'annonce d'un affaiblissement de l'inflation et d'une stagnation des ventes au détail, renforçant encore les espoirs de deux baisses de taux de la Fed cette année. L'inflation globale des prix à la consommation est tombée à 3,4 % en glissement annuel en avril, contre 3,5 % en mars, conformément aux attentes, tandis que l'inflation sous-jacente s'est établie à 3,6 % sur un an, contre 3,8 % en février et mars. Cela faisait suite à plusieurs mois de données d’inflation décevantes. Néanmoins, en fin de période, un regain de volatilité a été observé : les actions ont connu une légère correction en raison des données robustes de l'indice des directeurs d'achat (PMI), notamment du PMI des services à un plus haut d'un an, et du ton belliciste du Minutes de la FED.

Les actions européennes ont enregistré un net rebond sur le mois, notamment sur le segment des petites et moyennes valeurs. Les marchés ont été soutenus par les solides résultats des entreprises, les signes d'un renforcement de l'économie et les attentes d'une baisse imminente des taux d'intérêt de la BCE, ce qui a poussé les indices vers de nouveaux sommets. Au début du mois, le sentiment a été stimulé par les estimations initiales selon lesquelles l'économie de la zone euro avait progressé de 0,3% en glissement trimestriel (0,4% en glissement annuel) au premier trimestre, contre une contraction révisée de 0,1% au trimestre précédent (0,1%), aidée notamment par une meilleure santé économique de l’Allemagne. La croissance du PIB en France, en Espagne et en Italie a également dépassé les attentes. Bien que les estimations flash montrent que l'inflation dans la zone euro a atteint 2,6% en glissement annuel en mai, contre 2,4% en avril, la première hausse en cinq mois, les attentes d'une baisse des taux cet été sont restées intactes.

Après un retour sur le devant de la scène en Avril, les marchés émergents ont à nouveau marqué le pas sur le mois de mai. En Chine, la confiance des investisseurs a été renforcée par de nouvelles mesures de soutien au secteur immobilier et une production industrielle plus forte. Parmi les pays ayant sous-performé figurent notamment le Brésil : Les actions brésiliennes sont tombées à leur plus bas niveau depuis six mois suite à de solides données sur l'emploi qui ont ajouté aux inquiétudes concernant l'action belliciste de la banque centrale. Plus tôt dans le mois, le géant pétrolier public Petrobras a vu ses actions chuter après que le président ait limogé le PDG, suscitant des inquiétudes quant à une ingérence politique.

Dans ce contexte, les marchés actions internationaux terminent le mois de mai sur une note positive, en hausse de +2,9% pour l’indice MSCI World (en euros). Les marchés américains et de la zone euro ont repris le chemin de la hausse, avec une progression de 3,3% pour l’indice S&P 500 et +2,7% pour le MSCI EMU (en euros). En Europe, le segment des petites et moyennes a été particulièrement vigoureux, avec une hausse de +5,8% pour l’indice MSCI Europe Small Cap, aidé par les perspectives de baisses de taux et une amélioration des fondamentaux au sein de la zone. A contrario des marchés développés, les marchés émergents signent une performance négative sur le mois, reculant de -0,95%, pénalisés essentiellement par la Zone Amérique Latine.

Au sein des marchés obligataires, la volatilité est restée présente, et ce des deux cotés de l’Atlantique. On a tout d’abord observé une certaine détente sur le segment des obligations gouvernementales, aidée par les différentes publications illustrant d’un certain ralentissement économique. Cela a par exemple permis au 10 ans US de revenir à 4,34% à la mi-mai, contre 4,68% fin avril. Mais, à partir de la mi-mois, le rallye du marché a commencé à ralentir, en raison du fait que plusieurs indicateurs économiques se sont révélés plus résilients, et que les chiffres de l'inflation étaient plus élevés que prévu. Cela a renforcé le récit des taux d'intérêt "plus élevés pour plus longtemps", et les marchés ont commencé à anticiper un cycle de baisse des taux beaucoup plus graduel. Mais au sein des marchés du crédit, les primes de risques ont continué à se resserrer, dans un contexte économique toujours vigoureux et de faibles perspectives de défaut des émetteurs.