Février 2024
Un mois record pour les marchés Actions

Février a été un nouveau mois faste pour les actifs risqués, plusieurs grands indices boursiers ayant atteint des niveaux record. Parmi eux, le S&P 500 a dépassé pour la première fois la barre des 5 000 points, et le Nikkei a battu son précédent record de 1989. Cela s'explique en partie par l'engouement continu pour l'intelligence artificielle, et les "Magnificent 7" ont enregistré leur meilleure performance depuis neuf mois. Toutefois, l’économie restant vigoureuse et l'inflation surprenant à la hausse aux États-Unis au cours du mois, les investisseurs ont repoussé leurs attentes concernant le calendrier des futures baisses de taux, et les obligations souveraines ont encore perdu du terrain. Par ailleurs, les banques régionales américaines ont continué à éprouver des difficultés, les investisseurs continuant à s'inquiéter de l'immobilier commercial.

Commentaire de marché

Le mois de février a été marqué par plusieurs événements importants pour les marchés. Tout d'abord, les données mondiales sont restées solides pour la plupart, et les espoirs d'un « atterrissage en douceur » se sont poursuivis. Par exemple, le rapport sur l'emploi aux États-Unis pour le mois de janvier a fait état d'une augmentation de 353 000 emplois, ainsi que de révisions positives pour les deux mois précédents. En outre, l'indice ISM de l'industrie manufacturière a atteint son plus haut niveau depuis 15 mois, à 49,1 quand un niveau de 47,2 était attendu. Cependant, même si la croissance est restée forte, d'autres surprises à la hausse ont été enregistrées en ce qui concerne l'inflation, ce qui a fait craindre que le retour à l'objectif de 2% des banques centrales ne se fasse pas sans heurts et a soulevé des questions quant à l'éventualité d'un "atterrissage brutal" de l'économie. En particulier, les chiffres de l’inflation aux Etats-Unis sont ressortis à 3,1% en glissement annuel, contre 2,9% attendu, et 3,9% pour l’inflation « cœur » (excluant les prix de l’énergie et les prix alimentaires) contre 3,7% attendu.

L'inflation surprenant à la hausse et la croissance restant forte, cela a conduit les investisseurs à repousser une nouvelle fois leurs attentes en termes de futures baisses de taux. Ainsi, quand les investisseurs anticipaient entre 5 et 6 baisses de taux de la part de la Fed le mois précédent, les attentes ce mois-ci ont été revues à 3 ou 4 baisses sur l’année 2024. De plus, la date probable de la première baisse a été repoussée à la réunion de juin. Ainsi, l’optimisme quant à des baisses de taux imminentes s’est estompé et le consensus tend à s’aligner avec les prévisions des membres de la Fed émises lors de leur réunion de décembre. De même, dans la zone euro, les investisseurs ont réduit leurs anticipations de 6/7 baisses de taux à 3/4 baisses pour l’année 2024. Enfin, le Japon fait toujours figure d’exception, et les attentes dans cette région se sont accrues quant à la possibilité que la Banque du Japon mette fin à sa politique de taux d'intérêt négatifs dès le mois d'avril.

Autre élément important, l'engouement pour l'intelligence artificielle s’est poursuivi en février, ce qui a conduit à une nouvelle surperformance des "Magnificent 7". Elles ont progressé de +12,1% en termes de rendement total (en dollars), ce qui constitue leur meilleure performance mensuelle depuis mai 2023, et Nvidia a fait un bond supplémentaire de +28,6% (en dollars), à la suite de la publication de ses excellents résultats vers la fin du mois. En cela, le jour de la publication de ses résultats, Nvidia a gagné plus de 270 milliards de dollars de capitalisation, un record, et l’entreprise occupe désormais la 3ème place des plus grandes entreprises du monde. Cet engouement a permis de maintenir le sentiment positif sur les marchés, et l’indice S&P 500 des actions américaines a enregistré une quatrième progression mensuelle consécutive.

Par ailleurs, les inquiétudes concernant l'immobilier commercial se manifestaient de nouveau notamment au début du mois de février. En cela, la New York Community Bancorp publiait un bénéfice négatif le 31 janvier, après avoir revu à la hausse ses prévisions de pertes sur prêts immobiliers commerciaux. Cela a fait craindre que les conséquences de la hausse des taux d'intérêt ne s’étaient pas encore pleinement matérialisées, compte tenu notamment du montant de la dette à refinancer en 2024 et 2025. En conséquence, les banques régionales américaines ont encore perdu du terrain, avec la New York Community Bancorp en tête de ces baisses, et l'indice KBW Regional Banking reculait de -2,5% (en euros), ce qui porte son déclin depuis le début de l'année à -7,6% (en euros).

Dans ce contexte, les marchés internationaux terminent le mois de février sur une note très positive, en hausse de +4,6% pour l’indice MSCI World (en euros). Les marchés émergents retrouvent des couleurs sur le mois (MSCI Emerging Markets +5,2% en euros), notamment grâce aux actions chinoises qui trustent la première place du classement en février (MSCI China +5,2% en euros). En effet, de nouveaux efforts ont été consentis par les autorités chinoises, et les investisseurs, qui restent tout de même sceptique quant à une reprise durable de l’économie, sont revenus sur cette zone, notamment attirés par des valorisations extrêmement attractives. Au sein des marchés développés, les actions américaines se sont démarquées (S&P 500 +5,7% en euros), notamment grâce à la vigueur de son secteur technologique (Nasdaq 100 +5,8% en euros), tandis que les actions européennes sont à la traine (MSCI Europe +1,9% en euros), pénalisées entre autres par la faiblesse du marché britannique (MSCI United Kingdom +0,4% en euros). A noter également la solide performance des entreprises de petites et moyennes capitalisations profitant du sentiment positif sur les marchés, notamment aux Etats-Unis (Russell 2000 +6,0% en euros).

Suite aux ajustements des investisseurs quant aux futures baisses de taux des banques centrales, les rendements obligataires ont continué d’augmenter en février. Ainsi, le taux 10 ans US a progressé de +33 points de base, et de +24 points de base pour le taux 10 ans allemand. Les marchés du crédit ont affiché un meilleur visage, et principalement le segment de la dette à haut rendement, avec une poursuite de la contraction des primes de risques grâce à l’appétit pour le risque des investisseurs.