Janvier 2023
Un début d’année sur les chapeaux de roues

L’optimisme et l’appétit pour le risque des investisseurs ont fait leur retour en ce début d’année. Le mois de janvier conclut une forte hausse des marchés actions, effaçant une partie des pertes enregistrées en 2022. Les grands gagnants de ce rallye boursier ont été d’un côté les marchés européens, avec la chute du prix des matières premières et les espoirs qu’une récession pourra être évitée dans la Zone Euro, et de l’autre, les marchés émergents et notamment la Chine, portés par la poursuite de la réouverture du pays. Cette hausse s’est également accompagnée d’une rotation sectorielle, avec un retour des investisseurs sur des valeurs de croissance au détriment des valeurs dites ‘value’.

Commentaire de marché

Cette phase de reprise des marchés prend racine autour de nouvelles positives sur différents thèmes qui avaient rythmé les inquiétudes et les craintes des investisseurs tout au long de l’année 2022. En effet, trois catalyseurs sont principalement à l’œuvre sur ce mois de janvier : une baisse de l’inflation, la chute du prix des matières premières, notamment en Europe, et la poursuite de la réouverture de la Chine.

Sur le premier thème, les chiffres d’inflation publiés aux Etats-Unis pour le mois de décembre sont une nouvelle fois sortis en baisse par rapport au mois précédent, avec l’indice des prix à la consommation qui recule à +6,5% en glissement annuel (contre +7,1% précédemment) mais également l’inflation “cœur”, excluant les prix de l’énergie et de l’alimentation, à +5,7% en glissement annuel (contre +6,0% précédemment). Ces chiffres, en ligne avec les attentes du consensus, sont venus renforcer l’optimisme des investisseurs quant à un nouveau ralentissement dans le cycle de hausse de taux des banques centrales, et notamment de la Fed. En effet, appuyés par différentes prises de paroles de membres de la Fed, les investisseurs anticipent désormais une hausse de 25 points de base pour la prochaine réunion qui aura lieu début février, après les 50 points de base que l’on a connu au mois de décembre. Une hausse de cette amplitude marquerait ainsi un nouveau pas vers la fin du cycle de resserrement monétaire initié depuis mars 2022 pour lutter contre l’envolée de l’inflation. Ce scénario a également pris de l’ampleur dans l’esprit des investisseurs avec l’exemple de la Banque du Canada qui, après avoir augmenté ses taux de 25 points de base en janvier, a annoncé faire une pause dans ses hausses de taux pour pouvoir étudier l’impact économique de sa politique monétaire.

De l’autre côté de l’Atlantique, les prix des matières premières et notamment du gaz naturel européen ont continué de chuter, ce qui a poussé certains analystes à réviser leur projection de croissance pour 2023 à la hausse, signifiant que la zone euro pourrait échapper à une récession cette année. En effet, les prix sont revenus sur des niveaux pré-conflit Russie-Ukraine, autour de €57/MWh à fin janvier, soit au plus bas depuis septembre 2021. Ces évolutions bénéfiques pour l’activité économique de la zone ont été possible à la fois grâce à un hiver plus doux que prévu mais également face à des niveaux de stockage supérieurs aux années précédentes pour cette période de l’année. Ce sentiment positif sur la zone euro s’est notamment retranscrit sur la lecture flash des indices PMIs pour le mois de janvier, avec un indice composite de retour en zone d’expansion à 50,2, notamment grâce au rebond du secteur des services (indice à 50,7).

L'autre élément positif pour les marchés en janvier a été la poursuite de la réouverture de l'économie chinoise. En effet, l’implémentation de nouveaux assouplissements quant à la politique relative aux infections domestiques et aux voyageurs entrants a été saluée par les investisseurs, permettant également un retour de l’indice PMI composite en zone d’expansion (52,9). De plus, la réouverture de la deuxième plus grande économie mondiale viendrait apporter un soutien à une croissance mondiale en ralentissement, et notamment à celle de l’Europe de par la forte dépendance des entreprises européennes au niveau d’activité et de consommation en Chine.

Enfin, et ce malgré une amélioration du sentiment en ce début d’année, certaines craintes sur le cycle économique restent bien présentes notamment concernant une potentielle récession aux Etats-Unis. En effet, les indicateurs PMI dans cette région restent en zone de contraction aussi bien pour l’activité des services (46,6) que pour l’activité manufacturière (46,8), mais également d’autres indicateurs tels que l’US Leading Index du Conference Board, en baisse pour le 10ème mois consécutif, continuent de signaler une récession à court-terme. De plus, le marché du travail reste toujours solide aux Etats-Unis, avec des créations d’emplois supérieurs aux attentes en décembre (223K vs. 200K attendu) et un taux de chômage en baisse (3,5% vs. 3,6% précédemment), ce qui viendrait soutenir un niveau d’inflation élevé et inciterait ainsi la Fed à maintenir une politique monétaire restrictive.

Dans ce contexte, les marchés internationaux terminent le mois en hausse de l’ordre de +5,2% pour l’indice MSCI World (en euros). Toutes les zones géographiques ont relativement bien performé avec cependant certaines disparités. En cela, les actions de la zone euro ressortent en tête avec un fort rebond de +9,9% pour l’indice Euro Stoxx 50 (en euros). De même, les marchés chinois profitent du regain d’optimisme des investisseurs pour progresser de +9,8% sur le mois (indice MSCI China en euros), et entrainant ainsi dans leur sillages les marchés émergents pour surperformer les marchés développés (+6,0% pour le MSCI Emerging Markets en euros). Les actions américaines sont à la traine avec une performance du S&P 500 de l’ordre de +4,4% (en euros), pénalisées également par un nouvel affaiblissement du dollar (indice DXY -1,4%). Cependant, l’indice Nasdaq 100 tire son épingle du jeu avec une progression de +8,7% sur la période, profitant d’une rotation sectorielle et d’un intérêt retrouvé pour les valeurs de croissance au détriment des valeurs dite « value ».

Les marchés de taux ont également profité des anticipations des investisseurs quant à une inflexion dans la politique monétaire des banques centrales. En cela, les taux souverains ont fortement chuté sur le mois, des deux côtés de l’Atlantique, avec une baisse de près de 35 et 30 points de base respectivement pour les taux 10 ans américains et 10 ans allemands. Cependant, la courbe des taux 2-10 ans aux Etats-Unis a clôturé pour le 7ème mois consécutif en zone d’inversion, ce qui montre que les craintes de récession restent bien ancrées dans l’esprit des investisseurs. Enfin, le rebond observé sur les marchés actions s’est également fait ressentir sur le marché du crédit, notamment de la dette à haut rendement, avec un resserrement des primes de risque au cours du mois.

Les marchés financiers ont débuté le mois sur un sentiment de prudence, après deux mois de forte hausse, en.