Juin 2023
Un premier semestre sur les chapeaux de roues

Sur la même tendance que le mois dernier, les marchés sont restés orientés à la hausse en juin, terminant le premier semestre de l'année sur une note très positive. En effet, malgré le ton toujours « hawkish » des banquiers centraux et un regain de tension sur le plan géopolitique en fin de mois, un sentiment de risk-on a été observé sur la période, soutenu par la résilience de l'économie qui ne cesse de repousser les craintes d'une potentielle future récession. Cette résilience, ainsi que l’engouement autour de l’intelligence artificielle ont permis de porter les marchés actions, notamment aux Etats-Unis avec l’indice S&P 500 qui a atteint son plus haut niveau depuis avril 2022. De même, les valeurs technologiques ont continué de tirer leur épingle du jeu avec l’indice Nasdaq 100 qui signe son meilleur premier semestre depuis 40 ans.

Commentaire de marché

Les marchés démarraient fort ce mois de juin, profitant de la même tendance que fin mai autour de la résolution du plafond de la dette aux Etats-Unis. En effet, le 3 juin, le président Joe Biden ratifiait l’accord trouvé par les deux parties et permettait ainsi de retrouver un certain calme et une certaine stabilité sur le plan politique. De plus, de nouvelles données économiques sont venues montrer la résilience de l’économie américaine face à l’un des cycles de resserrement monétaire les plus agressifs de l’histoire. Tout d’abord, les chiffres sur la création d’emplois étaient une nouvelle fois au-dessus des attentes, avec +339 000 emplois créés au mois de mai contre +195 000 attendus, et également en hausse par rapport au mois précédent (+294 000). Le taux de chômage était certes en légère hausse, 3,7% contre 3,4% le mois précédent, mais se maintenait toujours à un niveau historiquement faible. De même, les ventes au détail continuaient de croitre d’un mois sur l’autre dans le pays, +0,3% en mai lorsqu’une contraction de -0.1% était attendue, faisant suite à une hausse de +0,4% au mois d’avril et démontrant ainsi la résilience des consommateurs malgré le contexte macroéconomique. Enfin, la croissance du PIB américain au 1er trimestre 2023 a été révisée à la hausse fin juin, passant de +1,3% à +2,0%.

Dans un autre temps, l’inflation continuait toujours de décroitre. En effet, l’indice des prix à la consommation aux Etats-Unis chutait à +4,0% en glissement annuel en mai contre +4,9% en avril, soit son plus bas niveau depuis mars 2021 et également en dessous des attentes à +4,1%. Compte tenu de la poursuite de la tendance baissière de l'inflation ainsi que de la résilience de l'économie, les investisseurs ont continué de voir le verre à moitié plein plutôt qu'à moitié vide, ce qui a permis aux marchés actions de continuer de se remettre des pertes subies en 2022.

La réunion de la Fed, mi-juin, n’est pas venue infirmer le sentiment optimiste sur les marchés. En effet, Jerome Powell a bien annoncé, comme très largement attendu par les observateurs, le maintien du taux directeur au niveau actuel. Par ailleurs, une surprise est venue des « dot plots », projections des membres de la Fed quant au taux directeur sur différents horizons de temps. En cela, ces dots plots ont montré qu’une majorité des participants se prononçaient pour deux nouvelles hausses de taux d’ici la fin de l’année, alors que le consensus n’anticipait qu’une seule hausse. Ainsi, la Fed affichait son intention de procéder à de nouvelles hausses de taux, jugées nécessaires dans le but de stabiliser l’inflation, une position confirmée par le discours de Jerome Powell, que ce soit à fois devant le Congrès américain ou lors de l’évènement réunissant les principaux banquiers centraux à Sintra.

La BCE ne déviait pas non plus de sa ligne directrice entamée il y a près d’un an, en annonçant une nouvelle hausse de 25 points de base et portant les taux directeurs au plus haut depuis 2001. Christine Lagarde martelait de nouveau qu’il restait du chemin à parcourir et confirmait par la même occasion qu’une hausse au cours de la prochaine réunion du mois juillet était jugée comme « très probable ». Cependant, et contrairement à la résilience de l’économie américaine, l’Europe commençait à montrer des signes de ralentissement plus marqués. Tout d’abord, la révision de la croissance du PIB au mois de juin a montré que la Zone Euro était effectivement rentrée dans une récession dite « technique » avec deux trimestres consécutifs de contractions, qui néanmoins s’établit sur la plus petite des marques, soit une contraction de -0.1% au quatrième trimestre 2022 ainsi que du même ordre au premier trimestre de 2023. De plus, différents indicateurs de sentiment perdaient du terrain. Par exemple l’indice de la Commission Européenne pour les entreprises et les consommateurs revenait à des niveaux proches de ceux de novembre 2022, lorsque l’on craignait qu’une crise énergétique allait frapper la zone. Enfin, les mesures de crédit et de circulation monétaire continuaient de montrer que les conditions financières se resserraient avec une mesure M3 en hausse de +1,4% en mai (en glissement annuel) contre +1,9% le mois précédent, ainsi que des prêts aux ménages et aux entreprises respectivement de +2,1% et +4,0% contre +2,5% et +4,6% le mois précédent.

Par ailleurs, un regain de tension sur le front Russie-Ukraine est intervenu en fin de mois. En effet, le groupe Wagner, milice privée travaillant pour le gouvernement Russe, s’est retournée contre son commanditaire laissant penser à une guerre civile dans le pays. Même si cette rébellion fut de courte durée grâce un accord trouvé entre le chef du groupe Wagner Evgueni Prigojine et Vladimir Poutine, par l’intermédiaire du président biélorusse Alexandre Loukachenko, et que l’impact sur les marchés fut limité, cet évènement est venu rappeler aux investisseurs que le conflit entre les deux pays n’étaient pas terminés et que l’incertitude quant à sa résolution était toujours présente.

Dans ce contexte, les marchés boursiers ont enregistré un nouveau mois de forte hausse, avec une performance de +3,6 % (en euros) pour l'indice MSCI World en juin. Ainsi, ce dernier progresse de +12,6% sur le premier semestre. Les marchés développés sont une fois de plus sortis vainqueurs sur le mois et les petites capitalisations, en particulier aux États-Unis, ont bénéficié de l’appétit pour le risque des investisseurs ainsi que de la résilience de l’économie. En effet, l'indice Russell 2000 (+5,6 % en euros) a terminé le mois devant l'indice S&P 500 (+4,1 % en euros). Les valeurs technologiques américaines enchainent également un nouveau mois de hausse (indice Nasdaq 100 +4,1% en euros) et signent un premier semestre historique avec une progression de +36,1% sur la période. Les actions européennes ont également gagné du terrain et récupéré leurs pertes du mois dernier (Euro Stoxx 50 +4,3 % en euros). Les marchés émergents restent à la traîne en juin (MSCI EM +1,4 % en euros), plombés par la performance relativement faible de la zone EM Asie (+0,4 % en euros), et malgré la forte performance de la zone Amérique latine sur le mois (+9,5 % en euros).

Le marché de la dette gouvernementale a connu un mois plus volatile. En effet, la posture toujours ferme des banquiers centraux dans ce cycle de resserrement monétaire, des deux côtés de l’Atlantique, a provoqué un réajustement des taux souverains. Ainsi, le taux 10 ans US progressait de près de +20bps sur la période tandis que le taux 10 ans allemand progressait d’environ +15bps. De plus, l’inversion de la courbe des taux aux Etats-Unis revenait sur les niveaux que l’on avait connu pré-crise SVB, signe que le scénario d récession n’était pas écarté à ce stade. A contrario, le marché du crédit a bénéficié du sentiment risk-on sur les marchés actions, à la fois sur le segment Investment Grade et High Yield, où l’on a pu assister à un resserrement des primes de risques sur la période.