Les cryptomonnaies sont-elles là pour rester?
Au cas où vous ne l’auriez pas remarqué, une étape importante a été franchie le mois dernier dans la légitimation des actifs numériques, y compris le bitcoin. Le 14 avril, l’actif numérique Coinbase directement inscrit sur le Nasdaq a terminé sa première journée sur les marchés à une valeur de près de 86 milliards de dollars américains, ce qui le place en tête des bourses traditionnelles comme l’Intercontinental Exchange et le Nasdaq.
La plupart des investisseurs ont entendu parler des bitcoin, mais la l’inscription de Coinbase est synonyme de la reconnaissance du fait que ce produit et d’autres actifs de cryptomonnaies sont devenus plus courants et non sont plus considérés comme des actifs marginaux. La taille et la rentabilité de l’exploitation de Coinbase sont suffisantes pour vous indiquer que la croissance du bitcoin et la numérisation des actifs du monde réel ont attiré l’attention des investisseurs et des dirigeants d’entreprise.
Coinbase et bitcoin : Le contexte
Fondé en 2012, Coinbase est devenu le plus important centre d’échange d’actifs numériques aux États–Unis, comptant quelque 56 millions d’utilisateurs, un revenu estimé au premier trimestre de 1,8 milliard de dollars américains et un revenu net d’environ 800 millions de dollars américains.1 L’adoption et la hausse subséquente de la valeur du bitcoin ont alimenté la croissance et les revenus de Coinbase.
En 2017, le bitcoin a fait fureur auprès des investisseurs de détail. La culture populaire et les nouvelles sur les réseaux étaient remplies d’histoires et de mentions de l’actif numérique. Toutefois, comme pour tous les marchés, le prix du bitcoin a inévitablement diminué ainsi que l’intérêt des célébrités et des émissions de télévision pour celui–ci. Cependant, cela ne signifie pas que ceux qui faisaient partie intégrante de cet écosystème ont jeté l’éponge. En fait, c’est exactement le contraire qui s’est produit, car le marché baissier du bitcoin s’est avéré un moment opportun pour que l’industrie puisse aller plus loin, avec la mise en œuvre d’un nouveau code et de nouveaux produits et de nouvelles visions.
La rentabilité du marché haussier – avec des investisseurs institutionnels dans la combinaison
Nous nous trouvons maintenant au milieu d’un autre marché haussier du bitcoin, les prix ayant augmenté à la mi–avril pour atteindre environ 65 000 $US. Cette fois–ci, les investisseurs particuliers sont toujours là, mais à présent, les professionnels se sont également présentés. Le marché voit de plus en plus de nouveaux produits institutionnels qui détiennent des bitcoins et d’autres actifs numériques, et de nombreux fonds de couverture ajoutent maintenant ces actifs numériques à leur portefeuille d’investissement. Certains de ces fonds prennent carrément des paris longs et courts, mais d’autres sont axés sur des stratégies de valeur relative, c.‑à‑d. l’extraction d’une partie de l’écart en échangeant une paire d’actifs.
Au–delà de la spéculation, pourquoi les investisseurs achètent–ils des bitcoins?
Mis à part les investisseurs professionnels qui essaient de profiter de la hausse et de la baisse des prix, pourquoi voudrait–on posséder des bitcoins?
Prenons d’abord un peu de recul pour mieux comprendre. Le bitcoin a été créé en 2009 en tant que système de paiement électronique pair–à–pair, permettant d’envoyer des paiements en ligne directement entre les parties sans avoir à passer par une institution financière. Le bitcoin a également résolu le problème des dépenses doubles inhérentes aux cryptomonnaies, où un dollar numérique pourrait être dupliqué, permettant à des individus malveillants de dépenser ce dollar plus d’une fois (un problème qui n’existe pas avec les espèces physique). Le bitcoin a résolu ce problème en utilisant un réseau pair–à–pair qui synchronise la transaction dans sa chaîne de blocs, la technologie sous–jacente des monnaies numériques.2
Outre son rôle de monnaie numérique, ceux qui soutiennent le bitcoin pensent qu’il est également devenu un réservoir de richesse ou de l’or numérique. Sa rareté (le code de bitcoin limite son approvisionnement à 21 millions), son processus minier et sa capacité à sortir du système financier lui confèrent des caractéristiques similaires à l’or, mais avec un fardeau moindre en ce qui concerne le stockage et le transport, ce qui en fait une solution de choix à l’ère numérique.
De nombreux participants au marché considèrent également le bitcoin comme une couverture face à l’inflation semblable à d’autres matières premières, ce qui n’est pas passé inaperçu chez les riches, y compris les sociétés. Plusieurs entreprises, dont MicroStrategy (NADQ:MSTR), Tesla (NADQ:TSLA) et Square (NYSE:SQ) ont inscrit le bitcoin à leur bilan. Ces décisions ont été motivées par l’incertitude économique et le désir de ces sociétés de diversifier leurs bilans principalement libellés en dollars américains.
Quels sont certains des arguments contre le bitcoin?
Les détracteurs du bitcoin pointeront plusieurs vents contraires potentiels qui, selon eux, causeront des problèmes pour l’actif à l’avenir. Le premier est l’augmentation de la réglementation et de la surveillance. Bien que cela soit certainement possible, les organismes de réglementation aux États–Unis (à titre d’exemple) ont adopté une approche assez limitée, probablement en raison du fait qu’ils considèrent le bitcoin comme une matière première plutôt qu’un titre. Le fait que nous ayons maintenant des FNB Bitcoin (fonds négociés en bourse) au Canada, en plus de l’inscription sur Coinbase aux États–Unis, montre que la réglementation peut devenir plus difficile à mesure que le bitcoin s’intègre dans le système. Cela dit, la nature pseudo–anonyme du bitcoin n’est pas populaire auprès des organismes gouvernementaux du monde entier.
Un autre défi potentiel pour le bitcoin, selon certains, prendra la forme de monnaies numériques des banques centrales. Les monnaies numériques des banques centrales sont des monnaies légales, mais sous forme numérique représentant la monnaie à cours forcé. La plupart des banques centrales travaillent activement sur les monnaies numériques de banques centrales, la Chine étant probablement le pays le plus avancé, ayant déjà lancé de petits programmes pilotes pour tester son système. En réponse à cela, les défenseurs du bitcoin soulignent que les monnaies numériques de banques centrales ne remplacent pas le bitcoin, indiquant que celles–ci sont assujetties à des règles et à une surveillance potentielle. Cela nous ramène à la philosophie de fondation du bitcoin, qui avait pour but d’être un système de financement pair–à–pair ne nécessitant pas d’intermédiaire financier.
Les détracteurs du bitcoin ont laissé entendre que son impact sur l’environnement l’emporte sur tout avantage potentiel de ce système monétaire en plein essor. On se plaint souvent du fait que les systèmes de preuve du travail, comme celui du bitcoin, exigent beaucoup de calculs. Certaines études suggèrent qu’une seule transaction de bitcoin consomme autant d’énergie que plusieurs centaines de milliers de transactions Visa et consomme plus d’énergie qu’un pays comme la Norvège.3 Les critiques supplémentaires portent sur la centralisation des mineurs en Chine, où le charbon est couramment utilisé pour produire de l’électricité. Les promoteurs du bitcoin ont fait remarquer que, selon une étude comparative mondiale sur les actifs de cryptomonnaie de septembre 2020, 76 % des mineurs utilisent des énergies renouvelables dans le cadre de leur combinaison d’actifs, alors que la consommation totale d’énergie renouvelable se situe à 39 %.4
Bien que les préoccupations relatives aux facteurs ESG soient un problème d’actualité pour le bitcoin et d’autres cryptomonnaies de preuve de travail, il est probable que les motifs de profit5, l’évolution des désirs d’énergie plus propre et de meilleure technologie, fourniront des solutions pour réduire son empreinte carbone nette. Il convient également de noter que le calendrier minier de bitcoin est limité avec un plafond de 21 millions de pièces pouvant être créées. Une fois que l’exploitation minière sera terminée pour créer de nouveaux bitcoins, le protocole s’appuiera sur les frais de transaction et moins sur le processus d’exploitation minière computationnelle lourd que nous avons aujourd’hui à mesure que de nouvelles pièces sont frappées et mises en circulation.
Le résultat net
Il est vrai que le comportement des prix du bitcoin reste très volatile, et il est essentiel de comprendre que la volatilité peut se poursuivre pendant un certain temps, quel que soit l’avenir final du bitcoin, lorsque l’on prend quelque décision d’investissement que ce soit. Cela dit, nous croyons pouvoir affirmer sans crainte de nous tromper que l’ère de l’argent et des actifs numériques est à nos portes et que l’impact futur important de la technologie de la chaîne de blocs sera probablement profond dans une myriade d’industries. Dans ce contexte, nous croyons qu’il serait sage que les planificateurs financiers et les particuliers se renseignent sur le potentiel de cette nouvelle technologie.1 Source: https://www.wsj.com/articles/coinbases-lofty-valuation-might-erode-as-crypto-markets-mature-11618047180?mod=article_relatedinline
2 Source: https://bitcoin.org/bitcoin.pdf
3 Source: https://www.visualcapitalist.com/visualizing-the-power-consumption-of-bitcoin-mining/
4 Source: https://www.jbs.cam.ac.uk/faculty-research/centres/alternative-finance/publications/3rd-global-cryptoasset-benchmarking-study/
5 Source: https://qz.com/1988503/bitcoin-miners-and-fracking-companies-are-working-together/