Perspectives des marchés émergents: l'économie chinoise rebondit, mais les actions sont confrontées au risque de concentration

Ébranlée par la COVID–19, l'économie chinoise continue à se redresser et s'approche désormais des niveaux de production d'avant la pandémie. Il s'agit là d'un exploit considérable compte tenu du repli qu'elle a connu au premier trimestre et du fait que, selon le Fonds monétaire international, il faudra attendre à 2022 avant que les autres grands pays retrouvent leurs niveaux d'avant la COVID–19. Plusieurs facteurs clés ont soutenu l'économie chinoise :

  • Une meilleure capacité à contenir les deuxième et/ou troisième vagues d'infection. Cette situation a permis à l'économie de rouvrir à un rythme plus soutenu.
  • D'importantes mesures de relance budgétaire et monétaire. Les premières ont entraîné l'émission d'une grande quantité d'obligations d'État, destinées à la réalisation de projets d'infrastructure. Quant aux deuxièmes, elles ont permis de maintenir la faiblesse des taux d'emprunt et d'injecter une quantité considérable de liquidités dans l'économie chinoise.
  • Les industries à vocation exportatrice profitent de la réouverture de l'économie mondiale.

Le volet consommation de l'économie du pays a cherché à rattraper son volet production, ce qui est d'autant plus important lorsque l'on tient compte des perspectives à l'égard des politiques gouvernementales dans un contexte où le gouvernement chinois met l'accent sur la double circulation. On peut y déceler le désir qu'a le gouvernement chinois de renforcer davantage la demande intérieure et d'accélérer la transition d'une économie à forte intensité de capital axée sur l'exportation vers une économie de consommation. C'est l'une des principales transitions que devra effectuer la Chine pour éviter de tomber dans le piège du revenu intermédiaire.

La politique budgétaire restera accommodante

Le gouvernement chinois et la banque centrale ont déjà entamé les discussions en vue de déterminer le moment où il conviendra de commencer à réduire les mesures. Nous estimons que la politique monétaire devrait fort probablement continuer à donner lieu à des mesures de relance budgétaire. Le gouverneur de la Banque populaire de Chine, Yi Gang, a exprimé des inquiétudes quant au niveau d'endettement découlant de la faiblesse des taux d'intérêt et de l'augmentation des liquidités, des inquiétudes qui donnent à penser que l'assouplissement monétaire risque peu de se poursuivre. Cependant, comme les banques ont besoin de liquidités au cours des deux derniers mois de l'année, le retrait de l'aide risque d'être reporté jusqu'à la fin de l'année, voire au-delà.

Nous sommes d'avis que les mesures de relance budgétaires demeureront accommodantes en 2021. Les dépenses et les projets d’infrastructure seront des facteurs de rendement importants pour les investissements en immobilisations. Puisque le gouvernement chinois cherche à stimuler la demande intérieure, nous croyons également que, lors de la prochaine Assemblée nationale populaire (qui devrait avoir lieu en mars 2021), d'autres mesures de relance pourraient être mises en place pour soutenir les ménages.

Aucun retour aux relations qu'entretenaient la Chine et les États-Unis avant l'arrivée au pouvoir de Trump

Maintenant que les élections américaines sont derrière nous et que les dernières actualités sur les vaccins sont encourageantes, penchons-nous à nouveau sur l'un des risques auxquels le marché a été confronté au cours des dernières années : la relation entre les États-Unis et la Chine. À ce stade-ci, il semble que le président élu, Joe Biden, risque de faire preuve d'une plus grande diplomatie dans les relations qu'il entretiendra avec la Chine. De plus, il sera moins enclin à se servir des droits douaniers en tant qu'instrument d'engagement. Nous n'anticipons toutefois pas de retour aux relations qu'avaient les États-Unis et la Chine avant l'ère de Trump.

Joe Biden et le Parti démocratique dans son ensemble se montrent plus en faveur du multilatéralisme. Dans cette optique, nous voyons deux points de mire qui pourraient nous indiquer ce que nous réserve l'avenir des relations entre les États-Unis et la Chine. Dans un premier temps, il y aura la première rencontre entre Biden et le président chinois, Xi Jinping, et les discussions subséquentes sur l'avenir des droits de douane actuellement imposés et la première phase de l'accord commercial. Ensuite, il y aura la tentative, par Joe Biden, de forger une alliance entre plusieurs pays (et sa capacité à y parvenir) dans le but de forcer la Chine à favoriser un environnement commercial plus favorable.

Le risque de concentration menace les actions des marchés émergents

Après avoir obtenu de piètres résultats tout au long de la première phase de la crise du coronavirus, les actions des marchés émergents ont désormais rattrapé les actions mondiales (comme mesuré par l'indice MSCI All Country World). Cependant, l'indice MSCI China (qui représente les sociétés chinoises dont les titres sont cotés à Hong Kong) a obtenu des rendements supérieurs par une marge considérable, et les actions de la Chine continentale (par exemple, l'indice CSI300) ont affiché des rendements encore plus solides.

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Rendement du marché des actions 2020

Source : Refinitiv Datastream, du 31 décembre 2019 au 13 novembre 2020. La Chine est représentée par l'indice MSCI China, le monde, par l'indice MSCI All Country World Index et les marchés émergents, par l'indice MSCI Emerging Markets. Les indices ne sont pas gérés et il est impossible d'investir directement dans ces derniers. Les rendements passés ne garantissent pas les rendements futurs.

Les perspectives de l'économie chinoise étant encourageantes et l'économie mondiale se trouvant au début du cycle, il est facile de comprendre pourquoi certains estiment que le moment est tout indiqué pour acheter des actions des marchés émergents. S'il est vrai que les valorisations nous semblent justes (comparativement aux valorisations de marchés comme les États-Unis qui sont chères), nous voyons tout de même un risque important : à savoir que les occasions actuellement offertes par les marchés émergents résident plus particulièrement au sein du marché chinois, et non dans l'ensemble des marchés émergents.

Cette situation s'explique du fait que l'indice des actions des marchés émergents est fortement concentré dans les sociétés chinoises. À l'heure actuelle, la Chine compte pour 43 % de l'indice MSCI Emerging Markets, et un peu plus de 20 % de ce pourcentage est concentré dans six sociétés (Alibaba, Tencent, Meituan, JD.com, China Construction Bank et Ping An Insurance). Ces sociétés ont obtenu de très excellents rendements au cours des dernières années (contrairement aux sociétés technologiques américaines). De ce fait, elles se négocient à des valorisations élevées.

Les marchés émergents hors Chine s'améliorent

Bien que les économies des marchés émergents hors Chine soient encore confrontées à quelques défis, leurs perspectives globales se sont améliorées. D'abord, l'approvisionnement en vaccins de groupes comme COVAX est encourageant. Ensuite, bien que la situation budgétaire y demeure plus fragile que dans les pays développés, la relance de l'économie mondiale devrait accroître la demande extérieure et la reprise du tourisme devrait également leur insuffler un élan important.

Résultat

Dans un contexte de consommation intérieure florissante et de poursuite du soutien budgétaire, la forte reprise consécutive à la pandémie que connaît actuellement la Chine ne semble pas vouloir s'essouffler à l'approche de 2021. Alimentées par le rebond de la deuxième économie du monde, les actions des marchés émergents ont augmenté au cours du deuxième semestre de 2020; il convient cependant de s'attarder à la concentration grandissante des sociétés chinoises dans cette catégorie d'actif.