Le 60/40 a-t-il encore de l’avenir ?

Résumé:

  • La promesse de diversification n’a pas été tenue en 2022, tant les actions que les obligations ayant concédé du terrain
  • Certains investisseurs se demandent si le portefeuille équilibré traditionnel (60 % d’actions et 40 % d’obligations) demeure une stratégie efficace
  • Dans le passé, les portefeuilles équilibrés ont rapidement rebondi après avoir accusé des baisses

Ce n’est désormais plus un secret pour personne : 2022 n’aura pas été un bon cru pour les investisseurs, surtout pour ceux investissant dans des fonds aux profils équilibrés. Il semble que, quels que soient les stratégies mises en place pour protéger les actifs des clients, les performances ont quasiment toutes été décevantes.

Les clients se demandent probablement : comment cela a-t-il bien pu se produire ? On peut certes invoquer plusieurs raisons, comme l’inflation élevée, le resserrement monétaire des banques centrales tout comme l’augmentation du risque de récession, mais nous pouvons aussi simplement résumer la situation en admettant qu’en 2022, la promesse de diversification... n’a tout simplement pas été tenue.

Lorsque l’on pense diversification, on pense naturellement à la répartition classique de 60 % d’actions et 40 % d’obligations, communément appelée 60/40, que nous connaissons tous et sur laquelle nous nous reposons depuis plus de sept décennies.

Lorsque le lauréat du prix Nobel Harry Markowitz a présenté le portefeuille 60/40 dans son article paru en 1952 sur la théorie moderne du portefeuille, il a radicalement modifié la façon dont les clients particuliers et institutionnels allaient désormais investir. Markowitz a démontré ce que beaucoup d’autres avant lui n’avaient pas découvert : la performance d’un titre, seule, a moins d’importance au sein d’un portefeuille global bien diversifié. Cela signifie que les investisseurs peuvent réduire le risque de leur portefeuille en investissant dans une combinaison de titres qui diffèrent en termes de classes d’actifs, de capitalisation boursière, de secteurs, de zones géographiques et de profils de performance. Pendant des années, sa théorie s’est avérée exacte. Un portefeuille 60/40 a généralement permis aux investisseurs d’être plus sereins qu’un portefeuille composé à 100 % d’actions.

En effet, les obligations ont historiquement été considérées comme l’amortisseur ? d’un portefeuille en offrant stabilité et diversification face aux fluctuations des marchés actions. Au cours des 43 dernières années, un portefeuille équilibré composé de 60 % d’actions américaines et de 40 % d’obligations américaines aurait généré une performance annualisée de 9,6 % avec une volatilité de 11,3 %. Dans le même temps, un portefeuille à 100 % d’obligations aurait offert une performance moindre avec un risque moindre et un portefeuille à 100 % d’actions aurait offert une performance à peine supérieure mais avec un risque nettement plus élevé.

1/1980 - 12/2022 Actions américaines Obligations américaines Portefeuille équilibré
Performance annualisée 11,5 % 6,8 % 9,6 %
Volatilité annualisée 15,3 % 5,4 % 11,3 %

Source : Morningstar Direct. Actions américaines = indice S&P 500, obligations américaines = indice Bloomberg U.S. Aggregate Bond. Portefeuille équilibré = 60 % indice S&P 500, 40 % indice Bloomberg U.S. Aggregate Bond. La performance d'un indice ne tient pas compte des frais de gestion d’un portefeuille dans la mesure où un indice n’est pas géré et qu'il est impossible d'y investir directement. Le rendement des indices ne reflète pas le rendement réel des fonds

Le rendement de(s) l’indice(s) ne reflète pas le rendement réel des fonds Les indices ne sont pas gérés et il est impossible d’y investir directement. Les performances ou rendements passés ne préjugent en aucun cas des résultats futurs. La volatilité est mesurée par l’écart-type. L’écart-type est une mesure statistique du degré auquel une valeur donnée dans une distribution de probabilité tend à varier par rapport à la moyenne de la distribution. Plus la dispersion est élevée, plus le risque est important

2022 s’est avérée être une année un peu particulière à cet égard. Tant les actions que les obligations ont enregistré des performances négatives, ce qui ne s’est produit que trois fois au cours des cinq dernières décennies. Les investisseurs qui auraient compté sur la stabilité des obligations pour neutraliser la volatilité des actions, en ont ainsi été pour leur frais. Peut-on leur reprocher d’émettre des doutes concernant l’efficacité de cette allocation d’actifs à l’avenir ?

Cliquer sur l’image pour l’agrandir

Une année historiquement difficile pour les portefeuilles diversifiés

Les actions et obligations ont affiché des performances négatives en 2022, ce qui ne s’était produit depuis 1970.

Diversified portfolios

Source : Morningstar Direct. Portefeuille 60/40 équilibré composé à hauteur de 40 % de l’indice S&P 500, de 20 % de l’indice MSCI EAFE et de 40 % de l’indice Bloomberg U.S. Aggregate Bond. La performance d'un indice ne tient pas compte des frais de gestion d’un portefeuille dans la mesure où un indice n’est pas géré et qu'il est impossible d'y investir directement. Le rendement des indices ne reflète pas le rendement réel des fonds.

Et maintenant, quelles perspectives ? Chez Russell Investments, nous sommes convaincus que la stratégie 60/40 est prête à faire son grand retour en 2023.

Des raisons d’être optimiste à l’égard des obligations

Il existe de nombreuses raisons de se montrer optimiste à l’égard des obligations cette année, et pas uniquement parce qu’il semble que les pressions inflationnistes s’atténuent enfin ou que les banques centrales approchent de la fin de leur cycle de resserrement monétaire. Que l’on anticipe ou non une renaissance des marchés obligataires, le fait est le suivant : les rendements obligataires s’établissent à leur plus haut depuis plusieurs années. Suite à la hausse des rendements, les investisseurs peuvent être mieux protégés contre de futurs relèvements de taux et, en cas de récession, ils seront dans une meilleure position grâce à des obligations susceptibles de retrouver leur rôle d’amortisseur face à la volatilité du marché des actions.

Si nous entrevoyons la possibilité d’une récession modérée au cours des 12 prochains mois, l’un des aspects positifs de cette année est que les investisseurs ont le choix. L’un des bons côtés de l’ajustement douloureux du marché obligataire est que nous sortons enfin du monde de TINA (« there is no alternative ») où des taux d’intérêt au plus bas ont contraint les investisseurs à se tourner vers les actions et à prendre des risques dans leur quête de rendement. La hausse des taux d’intérêt signifie que c’est désormais TARA (« there are reasonable alternatives ») qui décrit le mieux l’éventail des opportunités d’investissement.

Le retour de TARA signifie que le portefeuille équilibré traditionnel composé de 60 % d’actions et de 40 % d’obligations est sur le point de faire son retour après avoir connu historiquement sa pire année.

Lorsque l’on diversifie davantage un portefeuille en y ajoutant des actions internationales, le potentiel d’appréciation est encore plus grand. Le graphique ci-dessous révèle qu’un portefeuille 60/40 diversifié à l’international rebondit après chaque épisode de baisse et que les gains les plus importants sont enregistrés au cours des 12 mois qui suivent une période de déclin. L’année 2023 étant entamée, les portefeuilles 60/40 diversifiés à l’international montrent d’ores et déjà des signes de reprise suite à leur débâcle de 2022.

Cliquer sur l’image pour l’agrandir

Est-ce la fin du portefeuille diversifié 60/40 ?

Is the 60/40 portfolio dead?

Sources : Portefeuille 60/40 équilibré composé à hauteur de 40 % de l’indice S&P 500, de 20 % de l’indice MSCI EAFE et de 40 % de l’indice Bloomberg U.S. Aggregate Bond. Les performances des indices sont des performances passées ; elles ne préjugent pas des résultats futurs et ne sont en aucun cas révélatrices d’un investissement spécifique. Les indices ne sont pas gérés et il est impossible d’y investir directement.

Conclusion

Les choses vont-elles s'améliorer ? Selon nous, la réponse est oui. Comme nous l’avons tous entendu assez régulièrement : les performances passées ne préjugent en rien des performances futures. 2022 a certes été une année difficile, une anomalie, mais comme nous l’avons déjà dit, il est primordial de rappeler aux clients la situation dans son ensemble et de s’en tenir à leur plan d’investissement. Les stratégies d’allocation d’actifs ont peut-être été ébranlées, mais nous ne pensons pas qu’elles soient pour autant révolues.

 

Les commentaires et analyses reflètent l'opinion de Russell Investments sur les marchés et leur évolution, en fonction des informations connues à ce jour. ils ne sauraient constituer un engagement de Russell Investments.