Des positions en actions concentrées : gains élevés, risques encore plus grands – Ce qu’il faut savoir avant de miser gros sur une seule action

Résumé :

  • De nombreux investisseurs pensent que détenir « la prochaine grande nouveauté » est la voie à suivre pour réaliser des gains considérables sur le marché boursier
  • Mais les risques peuvent être élevés, et il est essentiel de savoir quand céder, car la position dominante sur le marché a tendance à changer, parfois soudainement
  • Aidez vos clients à éviter le « risque de miser sur une seule action » grâce à la diversification.

La récente domination des « Sept Magnifiques» du secteur des technologies peut contribuer à alimenter la croyance commune selon laquelle un portefeuille d’action unique est le meilleur moyen d’obtenir des rendements extraordinaires. Mais si l’on regarde à plus long terme, un portefeuille d’action concentré a souvent entraîné une plus grande volatilité et des pertes potentielles. Si la détention d’une grande partie d’un portefeuille dans un nom spécifique peut offrir un potentiel de gains importants, elle peut également exposer les investisseurs à des risques significatifs.

Investissement actif vs surconcentration

Une position concentrée en actions se définit généralement comme le fait de détenir plus de 10 % d’un portefeuille dans une seule action. Détenir une position importante sur une seule action peut sembler un bon moyen d’obtenir des rendements supérieurs à ceux d’un indice de référence, mais est-ce réellement la meilleure approche en matière d’investissement actif? À la base, l’investissement actif s’écarte intentionnellement d’un indice dans le but de le surpasser. Cette approche implique des décisions de positionnement délibérées, un suivi continu du portefeuille et l’ajustement des stratégies en fonction des conditions du marché et des attentes concernant les secteurs susceptibles d’enregistrer de bons rendements à l’avenir. En revanche, de nombreuses personnes ayant des positions concentrées en actions y sont parvenues de manière passive : par le biais d’un héritage, d’options d’achat d’actions ou de plans d’achat d’actions réservés aux employés, ou simplement parce que la valeur de l’action a considérablement augmenté au fil du temps.

Les investisseurs actifs professionnels, tels que les gestionnaires de fonds, peuvent miser gros sur des actions ou des secteurs spécifiques, tout en essayant de diversifier les autres investissements et de gérer activement le risque. En revanche, un investisseur individuel détenant une position concentrée en actions mise souvent sur l’espoir que cette action restera performante. Il peut également y avoir un élément émotionnel : si l’action a été héritée ou est liée à l’entreprise dans laquelle l’investisseur travaille depuis longtemps, ou si elle a été achetée de nombreuses années auparavant, l’investisseur peut être réticent à s’en défaire. Cela augmente le « risque de miser sur une seule action », c’est-à-dire que l’avenir financier de l’investisseur devient lié au rendement d’une seule entreprise.

Les dangers d’une surconcentration sont bien documentés, et il pourrait y avoir un risque supplémentaire spécifique au secteur si l’action est liée à l’emploi de l’investisseur. Dans le pire des scénarios, un employé pourrait perdre son revenu au même moment où l’action qu’il détient dans le cadre de sa rémunération s’effondre sur le marché. Intel en est un exemple récent, avec des licenciements massifs survenus alors que le cours de l’action de l’entreprise chutait. Les employés d’Enron ont vécu une expérience similaire au début des années 2000, perdant à la fois leur emploi et les économies de toute une vie parce qu’ils détenaient une part importante de leur portefeuille en actions de l’entreprise.

Lors de la bulle Internet au début du siècle, de nombreuses actions technologiques qui semblaient inarrêtables se sont finalement effondrées. Les Sept Magnifiques ne sont pas à l’abri non plus. Le graphique ci-dessous montre que le recul de ces entreprises peut être important et que la remontée peut prendre un certain temps. Par exemple, Tesla (TSLA) a atteint sa valeur maximale le 5 novembre 2021. Par la suite, l’action a chuté de 68 %, atteignant son point le plus bas le 3 janvier 2023. Il s’agit de la baisse maximale de Tesla sur une période de cinq ans, ce qui représente la perte la plus importante pour les investisseurs au cours de cette période. Mais elle a ensuite connu une remontée spectaculaire, regagnant toute sa valeur perdue le 11 décembre 2024. D’autres sociétés, comme Intel (INTC), se remettent encore de la baisse maximale qu’elles ont subie au cours des cinq dernières années.

The number of periods of the trough to peak incline during a specific period of an investment or fund

Source : Morningstar, Investissements Russell. Les commentaires sur les actions ne sont fournis qu’à titre indicatif et ne constituent pas une recommandation d’achat ou de vente d’un titre. Définition de la baisse maximale (Morningstar) : la baisse entre un pic et un creux sur une période donnée pour un investissement ou un fonds. Elle est généralement exprimée en pourcentage entre le pic et le creux. Mois jusqu’à la reprise (Morningstar) : le nombre de périodes nécessaires pour qu’un investissement ou un fonds passe de son creux à son pic au cours d’une période donnée.

Même pour les « chouchous » des marchés boursiers, il peut y avoir des périodes difficiles et un long chemin vers la reprise. Plus récemment, le concepteur de semi-conducteurs Nvidia (NVDA), qui a bénéficié d’une vague d’enthousiasme pour l’intelligence artificielle (IA), a enregistré la plus forte perte de valeur en une seule journée pour une société cotée en bourse, suite à l’annonce sur une possible concurrence chinoise. Bien qu’elle se soit légèrement redressée depuis, l’action Nvidia est toujours inférieure d’environ 20 % à ce qu’elle était au début de l’année 2025. Le récent ralentissement est un autre exemple de l’ampleur des fluctuations qui peuvent survenir en un laps de temps relativement court et dont il faut parfois du temps pour se remettre. La leçon est claire : aucune entreprise n’est à l’abri des difficultés, et la diversification reste essentielle pour protéger la santé financière à long terme. Les investisseurs peuvent espérer récupérer les pertes sur une seule action, mais cela peut prendre un certain temps, voire ne jamais se produire. Ou bien, ils peuvent diversifier pour minimiser le risque de telles pertes dès le départ.

Diversification et évolution des tendances

Il faut toujours garder à l’esprit que les actions peuvent théoriquement avoir un potentiel de hausse illimité, mais elles peuvent subir une perte maximale de 100 %. Détenir un portefeuille diversifié permet à un investisseur de profiter du potentiel de hausse illimité de plusieurs titres, tout en réduisant le risque de pertes extrêmes liées au mauvais rendement d’une seule entreprise.

Si une position concentrée peut entraîner des variations spectaculaires à la hausse comme à la baisse, un portefeuille diversifié permet de tirer parti des hausses générales du marché tout en assurant une trajectoire plus stable. Même si nous savons que la diversification est essentielle, il est tentant de regarder une action comme Nvidia et de se dire que nous aurions dû tout miser dessus. Malgré sa récente chute, son prix reste encore supérieur de plus de 750 % par rapport à son niveau fin 2022.

De nombreux investisseurs espèrent secrètement trouver le prochain grand gagnant. Ils observent les vedettes du marché et décident de suivre le mouvement. C’est ce que l’on appelle le comportement grégaire. Voyons maintenant les risques associés à cette stratégie.

Un investisseur devrait-il sélectionner les titres les plus performants du moment et espérer qu’ils poursuivent leur ascension? Les deux graphiques ci-dessous, l’un rétrospectif (sélectionnant les meilleures actions d’aujourd’hui il y a cinq ans) et l’autre prospectif (sélectionnant, il y a cinq ans, les meilleures actions cinq ans auparavant), montrent pourquoi les gagnants d’aujourd’hui pourraient ne pas offrir les rendements les plus sûrs à l’avenir.

En regardant les 25 premières actions du S&P 500 au 31 décembre 2024, il est facile de s’imaginer devenir riche avec quelques paris stratégiques. Les rendements du marché américain ont en effet été tirés par un petit nombre de titres au cours des cinq dernières années, et 18 des 25 principaux titres composant actuellement le S&P 500 ont surpassé l’indice au cours de cette période, comme le montre le graphique ci-dessous :

Growth of 100 dollar 5 years investment in the 25 highest-weighted stocks on 12/31/2019

Source : Morningstar, Investissements Russell. En date du 31 décembre 2024. Les indices ne sont pas gérés et il est impossible d’investir directement dans ces derniers. Les rendements passés ne garantissent pas les résultats futurs. NVDA=Nvidia, TSLA=Tesla, JNJ=Johnson & Johnson. Les commentaires sur les actions ne sont fournis qu’à titre indicatif et ne constituent pas une recommandation d’achat ou de vente d’un titre.

Si ces 25 noms dominent l’indice aujourd’hui, c’est précisément parce qu’ils ont affiché d’excellents rendements au cours des cinq dernières années. Mais comme nous le savons tous, les rendements passés ne garantissent pas les résultats futurs. Alors, quelles sont les chances que ces titres poursuivent sur la même trajectoire?

Si l’on prend du recul et que l’on se place dans la peau d’un investisseur il y a cinq ans, le constat est tout autre. Parmi les 25 premières actions du S&P 500 au 31 décembre 2019, moins de la moitié (neuf seulement) ont surpassé l’indice au cours des cinq années suivantes, comme le montre le graphique ci-dessous. Alors que détenir des actions d’Apple (AAPL) aurait pu générer des gains, posséder Pfizer (PFE), Disney (DIS) ou Intel (INTC) aurait pu entraîner un rendement négatif sur cinq ans et vous faire perdre de l’argent, au cours d’une période où l’indice, dans son ensemble, a presque doublé, affichant un rendement cumulé de 97 %.

Notons que Tesla et Nvidia ne faisaient pas encore partie des 25 plus grands titres du S&P 500 à la fin du mois de décembre 2019. De toute évidence, la position dominante sur le marché peut changer radicalement.

Growth of 100 dollar 5 years investment in the 25 highest-weighted stocks on 12/31/2019

Source : Morningstar, Investissements Russell. En date du 31 décembre 2024. Les indices ne sont pas gérés et il est impossible d’investir directement dans ces derniers. Les rendements passés ne garantissent pas les résultats futurs. AAPL=Apple, INTC=Intel. Les commentaires sur les actions ne sont fournis qu’à titre indicatif et ne constituent pas une recommandation d’achat ou de vente d’un titre.

En conclusion

La meilleure façon pour un investisseur de faire croître son capital tout en atteignant ses objectifs financiers est de maintenir un portefeuille diversifié sur un horizon de placement relativement long. Si un certain niveau de concentration peut être acceptable pour ceux qui cherchent à surpasser activement un indice de référence, cette approche nécessite une vision holistique du portefeuille, tenant compte de la tolérance au risque, de la capacité à conserver des positions concentrées pendant une période prolongée et d’une stratégie claire de désinvestissement le cas échéant. La surpondération et la sous-pondération de certains titres sont essentielles pour enregistrer un rendement supérieur à celui d’un indice de référence, mais le risque de détenir une seule ou un petit nombre d’actions avec une concentration extrême peut être élevé.